Les lois mémorielles
Elle peut aussi exprimer une identité de classe, elle se manifeste par exemple le 1er mai.
Le devoir demémoire, c’est d’abord une injonction à se souvenir et à bien se souvenir, c’est-à-dire dans le cadre défini par le groupe d’appartenance.
Mais la Shoah, et plus généralement les génocides du XXe siècle, ont placé lamémoire au centre de débats passionnés.
Le devoir de mémoire porte alors sur la reconnaissance historique du génocide, il se prolonge par son inscription dans la loi et la pénalisation du négationnisme.
Peu avant sa mort, l’historien Pierre Vidal-Naquet, qui a fait de la lutte contre le négationnisme l’affaire de sa vie, a développé cette question dans son dernier livre d’entretiens .
« L’histoire, soutient-il, se méfie, voire se bâtit contre la mémoire ».
Il est « grand temps, écrit-il, d’intégrer la mémoire dans l’histoire » et si l’histoire doit tenir compte de la mémoire, elle ne peut s’y réduire.
Les mémoires sont en effet en concurrence pour fonder l’identité de ceux qui s’en prévalent. « Elles se disputent les unes aux autres le monopole de la primauté ».
« L’identité, écrit Vidal-Naquet, se construit autour de l’exclusion et je n’admets pas l’exclusivité mémorielle, je la refuse absolument, d’où qu’elle vienne, juive, arabe, chrétienne, arménienne, etc.
Et je n’admets pas non plus l’obsession de la mémoire en tant qu’obsession ».
Lamémoire, écrivait-il, doit entrer dans l’histoire comme objet d’étude.
Vidal-Naquet livrera ses derniers combats contre les LOIS MÉMORIELLES. « Je suis contre, écrit-il, à cause de l’expérience soviétique. Il ne faut pas qu’il y ait des vérités d’Etat.
Or, la loi Gayssot suppose que le massacre des juifs est une vérité d’Etat.
Si l’on ne veut pas qu’il y ait des vérités d’Etat, il ne faut pas qu’il y ait des lois pour les imposer. J’ai toujours pensé, ajoutait-il, que la Shoah était