Les mains libres Le Tournant
Introduction: La création à deux mains qu’est le livre-objet Les Mains libres, résulte d’un aller-retour continu de l’œil et de la pensée entre image et texte. Même si le dessin de Man Ray est premier, il s’enrichit et se développe dans les lignes de Paul Eluard qui voit lui-même son texte s’amplifier dans les traits du dessinateur. Quels sont les échos que se renvoient dessins et écrits ? L’analyse du Tournant, texte et image, tente de répondre à cette question.
1/ Un dessin. A/ Description.
C’est un paysage réalisé au crayon. Au premier plan se déroule une route de montagne, dessinant un grand tournant orienté vers la droite, et soutenue par un haut mur maçonné, pourvu de grandes arches. Sur la droite du dessin, l’artiste a représenté le pan de la montagne surplombant la route, avec, à son sommet, quelques arbres faméliques. Presque à la jonction de la montagne et de la route, une énorme main enserre la roche. On ne distingue que les phalanges, la paume et le bras qui sont cachés derrière le virage. Au second plan, figurée en contre-bas de la route, une maison, dotée d’une tour, est lovée dans ce qui semble être une forêt. L’arrière-plan représente une baie au bord de la mer et un ciel nuageux. B/ Un lieu.
Ce dessin est vraisemblablement la représentation de la baie de Nice, vue de la grande corniche en venant de St Jean Cap-Ferrat. En 1936, Man Ray et Adrienne, sa compagne, Paul Eluard et Nusch passent leurs vacances dans l’arrière-pays niçois à Mougins. Ils seront rejoints par Picasso et Dora Maar. « Le soir, Éluard nous lisait son dernier poème, Picasso nous montrait un portrait de Dora aux yeux étincelants, quant à moi, je m’étais engagé dans une série de dessins extravagants mais réalistes qui parurent plus tard dans un livre intitulé Les Mains libres… Les dessins me reposaient des photographies. » Man Ray, autoportrait.
2/ Le Tournant.
La route disparaît derrière le rocher en décrivant un