Les miserables
-Monseigneur. dit-il.
A ce mot, Jean Valjean, qui était morne et semblait abattu, releva la tête d'un air stupéfait.
– Monseigneur! murmura-t-il. Ce n'est donc pas le curé... – Silence, dit un gendarme. C'est monseigneur l'évêque.
Cependant monseigneur Bienvenu s'était approché aussi vivement que son grand âge le lui permettait.
– Ah! vous voilà! s'écria-t-il en regardant Jean Valjean.
Je suis aise de vous voir. Eh bien, mais je vous avais donné les chandeliers aussi, qui sont en argent comme le reste et dont vous pourrez bien avoir deux cents francs. Pourquoi ne les avez-vous pas emportés avec vos couverts?
Jean Valjean ouvrit les yeux et regarda le vénérable évêque avec une expression qu'aucune langue humaine ne pourrait rendre.
– Monseigneur, dit le brigadier de gendarmerie, ce que cet homme disait était donc vrai? Nous l'avons rencontré.
Il allait comme quelqu'un qui s'en va. Nous l'avons arrêté pour voir. Il avait cette argenterie.
– Et il vous a dit, interrompit l'évêque en souriant qu'elle lui avait été donnée par un vieux bonhomme de prêtre chez lequel il avait passé la nuit? Je vois la chose.
Et vous l'avez ramené ici? C'est une méprise.
– Comme cela, reprit le brigadier, nous pouvons le laisser aller?
– Sans doute, reprit l'évêque.
Les gendarmes lâchèrent Jean Valjean qui recula.
– Est-ce que c'est vrai qu'on me laisse? dit-il d'une voix presque inarticulée et comme s'il parlait dans le sommeil.
– Oui, on te laisse, tu n'entends donc pas ? dit un gendarme.
– Mon ami, reprit l'évêque, avant de vous en aller, voici vos chandeliers. Prenez-les.
II alla à la cheminée, prit les deux flambeaux d'argent et les apporta à Jean Valjean. Les deux femmes le regardaient faire sans un mot, sans un geste, sans un regard qui pût déranger l'évêque.
Jean