Bien plus qu’un roman-social dénonçant les « misères » de son temps, Les Misérables se hissent au niveau d’un mythe exprimant une aspiration profonde en chacun de nous à garder plus d’espoir que de crainte de l’inconnu. Le couple symbolique de Cosette et Valjean est assez emblématique de l’appropriation par l’imaginaire collectif de cette histoire : Cosette représente la part humaine du destin de l’homme, Jean Valjean la part divine. Hugo veut rappeler que le remède aux malheurs du temps réside dans l’homme, et que même si dignité ne peut être retrouvée par le travail, l’amour doit être préservé. Mais si l’écriture hugolienne fait vibrer une dimension épique, ce n’est pas la diminuer mais lui rendre honneur que de reconnaître en quoi elle plonge dans les zones profondes et troubles de l’être. De fait, Valjean a bel et bien été inspiré par un type réel d’homme. On a trouvé dans les papiers de Hugo des notes montrant qu’il s’est inspiré, pour le début de son roman social Les Misérables, de la vie de Mgr Bienvenu Miollis, évêque de Digne, lequel avait recueilli en 1806 un forçat libéré, Pierre Maurin, qui avait été condamné au bagne en 1801 pour le vol d’un pain, avec effraction, comme Jean Valjean, mais aussi coups et blessures. Mais, plus important encore, il appartient à cette figure de l’homosexualité maudite, c’est d’ailleurs celle-ci qui structure secrètement le thème de la rédemption, ce que Hugo se garde bien de nous dire. C’est toute l’intelligence du texte combinée à celle de la vie que nous offre Pierre Gripari pour étayer cette