Les miserables

361 mots 2 pages
Longtemps, je me suis endormi tard. Le soir, mon père avait coutume de venir s’asseoir à mon chevet pour me lire des fables de La Fontaine. Je l’écoutais sans toujours comprendre ce que j’entendais, mais je me souviens de mon étonnement teinté de frayeur devant certaines des gravures qui accompagnaient les textes. Ainsi, pour « L’Aigle et l’Escarbot », l’illustrateur avait représenté l’insecte aussi grand que le malheureux lapin que l’aigle tient entre ses serres et cette disproportion me fit par la suite observer un temps les mouches avec suspicion. La sonorité et l’étrangeté de certains mots ajoutaient à mon plaisir et à mon inquiétude – qui pouvait bien parler cette langue bizarre si différente de celle que j’entendais autour de moi ? Ne sachant pas encore lire, je ne pouvais douter de la vérité de ce que mon père disait ni de ce que je voyais sur les pages de cet épais grimoire. La musique de la langue, le rythme de la lecture dictée par la scansion des vers, les termes inconnus, faisaient que, oublieux du sens, j’avais l’impression d’entendre des formules magiques ; la lecture exerçait sur moi une espèce de charme ou d’envoûtement, expérience que je n’ai retrouvée par la suite qu’en lisant moi-même des textes à d’autres personnes. Cela finissait peut-être par me bercer et m’aider à m’endormir. J’appris bien plus tard que mon père, frappé dans sa jeunesse par un mal qui l’avait contraint à rester alité toute une année, avait consacré ce repos forcé à lire et à s’instruire. Était-ce alors par crainte que je ne tombe malade et ne m’ennuie qu’il avait décidé de m’initier au plaisir de la lecture qui aide à oublier la souffrance même ? À l’âge de quatorze ans, ma mère avait dû quitter la Bretagne, sa province natale, pour venir en apprentissage à Paris. À l’époque, l’enseignement primaire qu’elle avait reçu mettait fortement l’accent sur la maîtrise de l’écriture, de la lecture et du calcul, et cela lui suffit pour accorder toute son attention à l’éducation de

en relation

  • Les misérable
    815 mots | 4 pages
  • Les miserables
    1802 mots | 8 pages
  • Les miserables
    1053 mots | 5 pages
  • Les misérables
    290 mots | 2 pages
  • Les misérables
    251 mots | 2 pages
  • Les misérables
    332 mots | 2 pages
  • Poême
    613 mots | 3 pages
  • Anthologie de la guerre
    1426 mots | 6 pages
  • Les misérables
    384 mots | 2 pages
  • Les misérables
    405 mots | 2 pages
  • miserables
    1538 mots | 7 pages
  • Les misérables
    1528 mots | 7 pages
  • Les miserables
    7410 mots | 30 pages
  • montaigne
    1304 mots | 6 pages
  • les miserables
    2847 mots | 12 pages