Les moeurs de voltaire
Lecture complémentaire 3
Les sauvages sont parmi nous. Voltaire s'oppose à Rousseau essentiellement sur quatre points : Il refuse l'état d'isolement originel, il n'admet pas deux états de nature, finie un étatdebonheurprimitif il ne retient pas la notion de contrat social Conformément à l'anthropologie voltairienne, les Oreillons vivent en société, pratiquent certes l'anthropophagie mais ont la notion du juste et de l'injuste... Bien entendu, Voltaire s'amuse à multiplier les interférences cocasses de l'état de nature et de la civilisation. Mais que celle-ci est fragile / Les sauvages nous cernent / Les sauvages, c'est-à-dire « ce nombre immense occupé uniquement de subsister » (Questions sur l'Encyclopédie, Art. « Homme »).
Entendez-vous par sauvages des rustres vivant dans des cabanes avec leurs femelles et quelques animaux, exposés sans cesse à toute l'intempérie des saisons ; ne connaissant que la terre qui les nourrit, et le marché où ils vont quelquefois vendre leurs denrées pour y acheter quelques habillements grossiers ; parlant un jargon qu'on n'entend pas dans les villes; ayant peu d'idées, et par conséquent peu d'expressions ; soumis, sans qu'ils sachent pourquoi, à un homme de plume, auquel ils portent tous les ans la moitié de ce qu'ils ont gagné à la sueur de leur front ; se rassemblant, certains jours, dans une espèce de grange pour célébrer des cérémonies où ils ne comprennent rien, écoutant un homme vêtu autrement qu'eux et qu'ils n'entendent point ; quittant quelquefois leur chaumière lorsqu'on bat le tambour, et s'engageant à s'aller faire tuer dans une terre étrangère, et à tuer leurs semblables, pour le quart de ce qu'ils peuvent gagner chez eux en travaillant ? Il y a de ces sauvages-là dans toute l'Europe. Il faut convenir surtout que les peuples du Canada et les Cafres, qu'il nous a plu d'appeler sauvages, sont infiniment supérieurs aux nôtres. Le Huron,