Les moralistes
- Ils sont de deux sortes. Les u4 sont moralistes dans la mesure où il faut s'être fait une idée de l'homme pour composer une tragédie ou une comédie, un sermon ou une fable; aussi y a-t-il un moraliste et une morale chez presque tout écrivain du XVIIe siècle, chez Racine comme chez Bossuet, chez La Fontaine comme chez Molière. Les autres sont uniquement moralistes, et la seule forme littéraire qu'ils donnent à leur connaissance de l'homme, c'est la pensée, la maxime, ou bien le portrait : voilà les moralistes proprement dits.
— Les moralistes proprement dits du XVIIe siècle sont La Rochefoucauld, Pascal, La Bruyère, — pour ne nommer que les principaux.
— Encore faut-il faire entre eux une distinction importante. La Rochefoucauld et Pascal ont observé et décrit le coeur humain d'une façon absolue et dans ce qu'il a d'éternel; La Bruyère s'est intéressé surtout à ce qu'il en pouvait examiner chez ses contemporains. Les deux premiers sont plus philosophes, le troisième est surtout un peintre de moeurs.
— Tous les moralistes du XVIIe restent strictement fidèles à leur titre, ils ne sortent pas du domaine psychologique et moral. Même quand ils sont amenés à critiquer la société de leur temps, ils le font en psychologues impartialement soucieux de morale : c'est le cas de La Bruyère.
Poétique des moralistes[modifier | modifier le code]
L'écriture moraliste se caractérise par le choix d'une forme discontinue : l'essai montaignien qui va « à sauts et à gambades » (Montaigne, Essais, III, 9) sans obéir à une organisation préétablie, la collection de maximes chez La Rochefoucauld, le choix de fables par La Fontaine, ou le recueil de caractères chez La Bruyère. C'est précisément le signe de cette attitude descriptive propre au moraliste : il refuse par là le discours construit, démonstratif et prescriptif, et conteste ainsi la posture d'autorité et de savoir qui y est