Les muses
Pour les psychologues, la mémoire représente la conquête progressive et difficile par l'homme de son passé individuel (l'histoire, pour un groupe social, de son passé collectif). Or très vite la mémoire a été sacralisée en Grèce et une vaste mythologie de la réminiscence s'est élaborée dans les temps archaïques. Donc, dans le panthéon grec, figure entre autres allégories, une divinité qui représente une fonction psychologique : Mnémosyne, la mémoire (cf. aussi Éros, l'Amour, Aïdos, la Pudeur, Pistis, la Confiance, etc.) ; mais la sacralisation de la mémoire prouve le prix qui lui est accordé dans une civilisation de tradition d'abord purement orale avant la diffusion de l'écriture.
Mnémosyne avec ses filles, les Muses, dont elle conduit le choeur, préside à la fonction poétique. Pour les Grecs, en effet, sans intervention divine, nul ne peut être poète, la poésie constituant une des formes de la possession et du délire divins. Inspiré donc par la divinité, le poète (comme le devin) découvre, dans une sorte de révélation, les réalités qui échappent au regard du commun des mortels, (Platon, Ion) réalités qui concernent le passé et l'avenir. En fait, le poète, par la mémoire, se transporte presque uniquement vers les événements anciens (le devin se projette plutôt vers l'avenir) auxquels il assiste pour ainsi dire de l'intérieur. Il y a là comme une sorte de "devoir de mémoire", un message sacré dans cette recherche des origines : les Muses et leur mère chantent le monde en commençant par le commencement (Hésiode, Théogonie) : apparition du monde, genèse des dieux, naissance de l'humanité...). Le passé ainsi dévoilé est la source du présent et aide à découvrir la réalité primordiale qui permet de comprendre le monde et son devenir dans son ensemble.
Les Muses sont particulièrement honorées en Piérie, lieu de leur naissance, au Nord du mont Olympe qui est