les mythe de robinson
Le roman de Daniel Defoe, publié en 1719, a été traduit dans presque toutes les langues, y compris le copte et l’esquimau. C’est le livre qui a eu le plus grand nombre d’éditions après la Bible. Jean-Jacques Rousseau a chanté les louanges du roman « qui sera tout à la fois l’amusement et l’instruction d’Émile ». Un siècle et demi après sa parution Offenbach en a tiré un opéra et Marx le substantif « robinsonnade », passé ensuite dans le vocabulaire des littéraires et des économistes. Le genre littéraire a été exploité par de nombreux auteurs de Jules Verne à Michel Tournier.
Comment comprendre d’une part le succès immédiat de cette oeuvre et d’autre part que ce succès ait perduré au cours des siècles ?
Daniel Defoe, né à Londres en 1660 était homme d’affaires, journaliste, pamphlétaire et homme d’action avant d’être romancier. Il avait des positions politiques affirmées et courageuses ; presbytérien, il avait été éduqué au respect des règles et des valeurs morales d’avantage qu’au culte de l’argent.
Daniel Defoe s’est inspiré pour son récit de l’aventure authentique d’un marin écossais, Alexander Selkirk, qui vécut quatre ans sur l’île inhabitée de Juan Fernandez, au large des côtes chiliennes.
Robinson Crusoé exprime les idées, les aspirations et les craintes des lecteurs qui l’ont découvert ; depuis le XVIIe siècle, un individu autosuffisant, actif, productif constituait un modèle culturel. Robinson pratiquait le commerce clandestin des Nègres ; pourquoi cet homme d’affaires ambitieux, banal et médiocre est-il devenu, pour des générations de lecteurs, un symbole, un mythe ? Sans doute parce que le lecteur ne retient que l’aventure, le mystère, l’île déserte, l’angoisse existentielle ; il découvre un homme obligé pendant de longues années à ne dialoguer qu’avec lui-même et à trouver, dans le travail et dans la foi, la force de vivre et de lutter victorieusement contre la mort.
De nos jours, l’île déserte apparaît comme un