Les médias russes
Quinze ans après la chute du mur de Berlin et la fin du totalitarisme en Europe, les médias d’information ne sont guère plus indépendants en Russie et dans la plupart des pays de l’ancienne Union soviétique qu’ils ne l’étaient du temps de Staline. Le Kremlin et les potentats locaux gardent presque partout le contrôle des moyens d’information de masse, en particulier de la télévision. La place que quelques oligarques occupent à la tête de médias « privés » n’améliore pas la situation. Leurs marchandages avec le pouvoir politique se font le plus souvent aux dépens de l’indépendance des journalistes. Cette indépendance reste pleine de risques : la Russie et ses anciennes possessions sont parmi les régions du monde qui comptent le plus d’assassinats de journalistes, toujours impunis.
La soumission des médias russes au pouvoir politique est dans l’ordre des choses. Le régime de Vladimir Poutine pratique un autoritarisme d’autant plus affirmé qu’il ne semble pas déplaire à la population. Les mesures restrictives qu’il vient de prendre contre la « société civile », associations ou organisations non gouvernementales soupçonnées d’avoir des liens avec le monde occidental, ont facilement reçu l’approbation du Parlement. Selon une récente étude du Pew Research Center américain, deux Russes sur trois disent préférer un « leader fort » à la démocratie.
Pourquoi ? Comment ? Quel avenir pour la liberté de la presse en Russie ? Médias en discute avec un spécialiste, Henrikas Yushkiavitshus, que ses amis appellent plus simplement Yush. De double nationalité lituanienne et russe, il a été pendant dix-neuf ans vice-président de Gostelradio, l’organisme d’État régissant l’audiovisuel en Union soviétique. Proche collaborateur de Mikhaïl Gorbatchev dans la politique d’ouverture de la Glasnost, il est venu à Paris en 1990 comme directeur général adjoint de l’Unesco