Les mémoires et les historiens
La présence sélective des souvenirs du passé dans la société, ce que l'on appelle une mémoire, peut faciliter ou gêner l'interprétation d'une période par les historiens. L'histoire est une écriture du passé qui vise à l'objectivité par des méthodes scientifiques.
L'historien est confronté aux mémoires plurielles de la Seconde Guerre mondiale. L'Etat met d'abord en avant l'idée que tous les Français ont été résistants avant de reconnaître que les crimes de Vichy étaient aussi ceux de la France. Le souvenir des Juifs déportés a d'abord été assimilé à l'ensemble des déportés, puis la spécificité de la Shoah (la « catastrophe » en hébreu) a fait émerger une mémoire juive de la déportation.
Chaque groupe politique, social, culturel exprime une partie de l'histoire d'une période et étudier celle-ci c'est aussi s’interroger sur la manière dont chaque mémoire s'est diffusée. Il est alors de plus en plus demandé à l'historien d'intervenir dans le débat public.
Quel rôle les historiens jouent-ils dans l’évolution des mémoires de la seconde Guerre mondiale ?
I - La mémoire résistante 1944-1972
Comment se construit en France, dès la libération, une mémoire officielle de la Seconde Guerre mondiale ?
A) A la Libération s'élabore le mythe résistancialiste
Les « années noires » ont profondément divisé les Français. Après la défaite militaire de juin 1940, le maréchal Pétain met en place le régime de Vichy, et collabore avec l'occupant nazi. Si la majorité des 42 millions de Français accueille avec soulagement l'armistice et le nouveau régime, ce soutien fait place à l'attentisme (attitude qui consiste à ne pas prendre parti pour un camp ou pour l’autre, en attendant de voir comment tournent les événements). 55 000 Français se sont engagés dans les forces de Vichy ou dans l'armée allemande. 202 851 Français ont reçu en 1945 une carte de combattant volontaire de la Résistance, même