Les noix de coco son bleu
“ La voilà... la voilà !... criait toujours Roland. Elle vient droit sur nous.” Et Beausire, radieux, répétait :
“ Qu'est-ce que je vous avais promis, hein ? Est-ce que je connais leur route ? ” Jean, tout bas, dit à sa mère :
“ Regarde, maman, elle approche. ” Et Mme Roland découvrit ses yeux aveuglés par les larmes.
La Lorraine arrivait, lancée à toute vitesse dès sa sortie du port, par ce beau temps clair, calme. Beausire, la lunette braquée, annonça :
“ Attention ! M. Pierre est à l'arrière, tout seul, bien en vue.
Attention ! ” Haut comme une montagne et rapide comme un train, le navire, maintenant, passait presque à toucher la Perle. Et Mme Roland éperdue, affolée, tendit les bras vers lui, et elle vit son fils, son fils Pierre, coiffé de sa casquette galonnée, qui lui jetait à deux mains des baisers d'adieu. Mais il s'en allait, il fuyait, disparaissait, devenu déjà tout petit, effacé comme une tache imperceptible sur le gigantesque bâtiment. Elle s'efforçait de le reconnaître encore et ne le distinguait plus.
Jean lui avait pris la main.
“ Tu as vu ? dit-il.
- Oui, j'ai vu. Comme il est bon ! ” Et on retourna vers la ville.“ Cristi ! ça va vite ”, déclarait Roland avec une conviction enthousiaste.
Le paquebot, en effet, diminuait de seconde en seconde comme s il eût fondu dans l'Océan. Mme Roland tournée vers lui le regardait s'enfoncer à l'horizon vers une terre inconnue, à l'autre bout du monde. Sur ce bateau que rien ne pouvait arrêter, sur ce bateau qu'elle n'apercevrait plus tout à l'heure, était son fils, son pauvre fils. Et il lui semblait que la moitié de son coeur s'en allait avec