Les nouvelles formes d'organisation du travail en europe
ANTOINE VALEYRE, Centre d’études de l’emploi
EDWARD LORENZ, Université de Nice Sophia-Antipolis
Depuis les années quatre-vingt, les entreprises des pays industrialisés ont connu des transformations organisationnelles importantes. Des pratiques de travail, comme les équipes semi-autonomes, les groupes de projets ou de résolution de problèmes, les cercles de qualité, la polyvalence ou la qualité totale, ont été mises en oeuvre pour favoriser l’implication des salariés et améliorer les performances des entreprises. Ces pratiques sont souvent considérées comme constitutives d’un nouveau modèle organisationnel qui viendrait remplacer le modèle taylorien
(Womack et al., 1990 ; Osterman, 1994). Cependant, si la globalisation de l’économie représente un facteur d’uniformisation organisationnelle, la spécificité des systèmes socioproductifs et institutionnels nationaux demeure un élément de diversification. La thèse de la diffusion d’un nouveau modèle organisationnel dominant ne fait donc pas l’unanimité et certains travaux mettent en évidence la pluralité des modèles d’organisation efficiente du travail
Quatre formes d’organisation du travail
Une classification des principales formes d’organisation du travail en vigueur en Europe a été effectuée en fonction de quinze variables reposant sur les déclarations des salariés des établissements d’au moins dix personnes des secteurs marchands (voir encadré 2). Elle met en évidence quatre classes bien distinctes qui se rattachent, par leurs caractéristiques respectives, à des modèles types couramment mentionnés dans la littérature : les organisations « apprenantes », les organisations « au plus juste », les organisations tayloriennes et les organisations de « structure simple ».
- La classe des organisations du travail apprenantes regroupe 39 % des salariés de la population étudiée.
Ceux-ci disposent d’une forte autonomie dans le travail, autocontrôlent