Les objets dans fin de partie
Étudiez le rôle et la signification des objets dans Fin de partie.
L'une des caractéristiques du théâtre de l'époque où Beckett écrit Fin de partie c'est l'utilisation de plus en plus importante des objets. Les chaises (1951) de Ionesco, par exemple, est encombrée par toute sorte d'objets hétéroclites; et comme sont titres l’indique de chaises qui envahissent l’espace scénique. Si l'auteur de Fin de partie ne va pas aussi loin, il donne néanmoins aux objets un importance qu'ils n'avaient pas dans le théâtre traditionnel et leur fait jouer un rôle non négligeable bien que paradoxal comme on va le voir.
I. Des objets comme dans un monde « normal »
I.1. Un semblant de normalité Au sein d'un monde où toute vie semble avoir disparu, où les choses elles-mêmes se dégradent irrémédiablement, le «refuge» qu'occupent les quatre personnages fait figure de lieu de survie. Certes, l'intérieur «sans meubles», comme le précise la première didascalie, n'a rien d'accueillant; mais il reste, malgré tout, un escabeau et une lunette pour observer le paysage, une burette pour graisser les roulettes du fauteuil de Hamm, des biscuits pour se nourrir, un chien en peluche pour se distraire, un réveil pour savoir l'heure qu'il est, un sifflet pour appeler, de la poudre pour lutter contre les morpions et des poubelles pour se débarrasser de ses détritus: bref, toute une série d'accessoires qui, à défaut d'assurer une vie confortable, ont au moins le mérite de rassurer en rappelant le monde d'autrefois.
I.2. Combler le vide À Clov qui «commence à ramasser les objets par terre» (p. 76) pour mettre de l'ordre (sans qu'on sache exactement de quels objets il est question), Hamm ordonne de «laisser tomber», comme si la présence, même encombrante, d'objets disparates leur était absolument nécessaire. Car les objets ont un mérite; ils les aident à supporter leur condition en leur donnant une