Les ottoniens et l'idée d'empire.
Le souvenir de l'empire romain reste vivace et alimente une intense nostalgie qui perdure tout au long du Haut Moyen-Age. Ceci explique, autant que les données politiques, les deux « renaissances » de l'empire en Occident : celle de l'an 800, réalisée par Charlemagne, et celle de l'an 962, date du couronnement impérial d'Otton Ier, qui donnera naissance à ce que l'on appellera à partir du XVè siècle, le Saint empire romain germanique.
Nous disposons ici de deux sources : l'une rapportée par Widukind de Corvey, écrivain actif dans les années 960-970, traite de l'avènement d'Otton Ier en 936; la seconde est issue des chroniques de Novalèse, chroniques reprises par Adhémar de Chabannes et enrichies au XII ème siècle, et rapporte la découverte du tombeau de Charlemagne par Otton III en l'an mil. Ces deux sources sont à nuancer. Pour la première, l'historien Carlrichard Brühl nous explique qu'il est fort probable que Widukind est empruntés des éléments du couronnement à une autre cérémonie, sans doute celui d'Otton II en 961, de plus il n'est pas impartial dans son récit. Pour la seconde comme dit ci dessus, elle a été enrichie postérieurement, d'où peut être quelques extrapolations.
Ces deux événements font référence à la dynastie des Ottoniens, celle-ci débute avec le couronnement en tant que « roi de Francie orientale », d'un saxon, Henri Ier (876-936) et se termine par la mort d'Otton III (980-1002), son arrière petit-fils.
On peut alors se demander, de quelle façon et jusqu'où, les bases du nouvel empire, dont les fondements remontent à la dynastie ottonienne, sont empreintes de traditions carolingiennes?
Pour montrer, à la fois la persistance des traditions carolingiennes mais également les avancées mises en œuvre par les Ottoniens, nous nous appuierons sur les trois points essentiels de la politique ottonienne. Nous traiterons donc dans un premier temps de l'organisation du pouvoir et de la place du roi, dans un second,