les pays emergents
Dalila NICET-CHENAF
Les « pays émergents » bouleversent aujourd’hui le paysage économique et politique mondial. Mais qu'est-ce que l’ « émergence » ? Derrière ce label associé à des pays très différents, voire disparates, existe-t-il une réalité commune, voire une voie royale vers le développement ?
« Pays émergents » : la paternité du terme est, en règle générale, attribuée à Antoine van Agtmael, économiste à la Société Financière Internationale qui voulait, par ce terme, faire la distinction à l’intérieur de la catégorie des Pays En Développement (PED) entre ceux qui présentaient des risques importants pour les investisseurs internationaux et ceux qui, au contraire, pouvaient être des « terres d’opportunités ». Il s’agissait dans les années 1980 par la désignation « pays émergents », de distinguer le bon grain (pays à forte croissance, faiblement endettés, dont le compte de capital était suffisamment ouvert pour accueillir des capitaux) de l’ivraie (pays à faible croissance, croulant sous le poids de la dette, relativement fermé aux entrées de capitaux).
Les années 1980 et la crise de la dette consacrèrent le terme qui par la suite joua tant le rôle de « bon signal » pour les investisseurs que nombreux furent les PED qui le mobilisèrent dans leur propre discours de politique économique ou comme objectif de leur stratégie de développement. On pense ici par exemple au Maroc qui commanda au Boston Consulting
Group un rapport « Plan émergence » dont l’objectif était de mettre en évidence les points forts du pays sur lesquels pourraient s’appuyer un processus d’émergence ou aux discours récents des dirigeants angolais pour qui les 10% de croissance annuelle moyenne sur la dernière décennie laissent espérer un processus d’émergence pour le pays.
Comment caractériser aujourd’hui un pays émergent ? Une réponse concise à cette question est difficile à formuler voire impossible. Il suffirait,