Les personnages migrent
Les personnages, qu’ils soient réels ou imaginaires, sont transformés par le lecteur au travers des méandres de son imagination, de ses réflexions, de ses déductions ... L’on s’approprie de cette manière une partie du personnage. Certains, issus de nos lectures, peuvent nous amener à réfléchir voire à changer d’avis sur l’un ou l’autre sujet. “Et qu’en restera-t-il ?” disent les politiciens dans leur discours ou encore les textes des chansons. Afin d’illuster ce propos, je prendrai l’exemple d’un personnage tiré d’une de mes lectures qui m’a amenée à me poser beaucoup de questions.
Ainsi, cette citation d’Umberto d’Eco m’a fait penser au personnage d’Aziz, le héros du livre “Un aller simple” de Didier van Cauwelaert. Aziz est un marocain qui n’a jamais vécu qu’en France car ses parents sont morts quand il était petit. Depuis, il vit avec des Tziganes, de faux papiers et gagne sa vie en volant et revendant des autoradios. L’histoire commence au moment de son arrestation pour un vol que, pour une fois, il n’a pas commis.
Tout d’abord, Aziz est quelqu’un qui ne se plaint jamais, qui prend la vie comme elle vient et qui s’adapte à toutes les situations. Il a connu le racisme, le manque d’argent, la prison, a été confronté à la mort, ... Mais jamais il ne s’est laissé démonté. Au travers le vécu de ce personnage, nous apprenons à relativiser nos problèmes et à réaliser que notre vie est bien plus belle que ce que nous la pensons. Je trouve qu’à côté de lui, nos petits soucis de tous les jours semblent un peu ridicules et sont tout à fait dérisoires. Les problèmes d’Aziz me semblent beaucoup plus fondamentaux que les nôtres. Il s’agit de questions essentielles telles que ses origines, son identité, ses racines, ...
Ensuite, Aziz a dû quitter l’école parce qu’il devait “gagner” sa vie. Pourtant, l’école l’intéressait et il aurait encore voulu y aller. Chaque soir, il se replongeait dans la lecture du grand atlas que son