Les politiques publiques de sec Bauer Alain Soullez Christophe
Les politiques publiques de sécurité
ALAIN BAUER
CHRISTOPHE SOULLEZ
Introduction
Évoquer les politiques publiques de sécurité, c’est tout d’abord s’attacher au concept de sécurité.
Au-delà des controverses sur l’interprétation du terme sûreté utilisé dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la définition du mot sécurité a rarement été explicitée. Il a été toutefois clairement défini par la loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité du 21 janvier
1995 : « La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives. L’État a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre public, à la protection des personnes et des biens ». Pour François Dieu, les politiques publiques de sécurité seraient définies comme « un ensemble plus ou moins cohérent de décisions et de mesures prises par les instances politiques légitimes, dont l’objectif, expressément défini, est d’apporter, par la mobilisation des institutions sécuritaires de régulation sociale et, le cas échéant, d’autres partenaires publics et privés, une réponse effective aux diverses formes d’insécurité induite par le phénomène délinquant » [1]
Analyser ou décrire les politiques publiques de sécurité, c’est donc observer l’État en action à travers les dispositifs et les mesures qu’il a prises en vue d’assurer ce devoir fondamental.
L’émergence de politiques publiques de sécurité, dans un pays qui croit que ce processus est naturelle-ment régalien, est pourtant plus moderne qu’il n’y paraît. Si la monarchie a toujours considéré la défense des institutions, la protection des frontières, la punition de l’homicide et la lutte contre la fausse monnaie comme des éléments non négociables de l’exercice de la souveraineté, les autres missions, dont celles liées à la protection de la