Les problèmes de traduction dans la version française de la constitution canadienne
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Introduction
Le présent article s’intéresse à l’étude de la traduction de l’anglais vers le français de la Loi Constitutionnel de 1867, loi qui marquait le début de l’évolution du Canada d’une colonie britannique vers un pays indépendant. La comparaison de la version française traduite et officieuse avec celle officielle rédigée originellement en anglais nous donne un aperçu sur le bilinguisme juridique au Canada (le bijuridisme) et sur la limite de ce dernier. En effet, au Canada, la Loi sur les langues officielle promulguée en 1969 stipule que tous les textes législatifs soient rédigés dans les deux langues et donne une valeur juridique égale aux deux versions. La corédaction validée par des comités d’experts est avancée comme solution face aux problèmes de traduction récurrents (Covacs, 1979 ; Lajoie, 2002). Le français, longtemps langue de traduction, est devenu langue de travail. Cette loi ne s’applique pas à la législation qui nous intéresse car cette dernière fut promulguée un siècle plus tôt. Cela dit, l’article 55 de la Constitution de 1982 stipule la codification des traductions des textes constitutionnels, dont la Loi Constitutionnelle de 1867, sans toutefois avoir apporter des modifications relatives au contenu, mais uniquement relatives au forme. Nous tenterons de présenter les problèmes de traduction de cette loi reprise et confirmée en 1982 en proposant une réflexion générale sur la traduction juridique et sur la culture de traduction au Canada dans le contexte temporel de la fin du 19e siècle. La traduction juridique se caractérise par une traduction littérale, du mot au mot dans la majorité des cas, étant donné que les deux versions du texte ont force de loi et compte tenu de la grande valeur juridique donnée à chaque mot. Le traducteur juridique devrait être précis et éviter de modifier l’interprétation du texte, qui est étroitement lié à la structure des