Les profs prennent la plume
Trente ans de vie littéraire ou le passage d'un genre régional à un genre national Faire une présentation des œuvres polynésiennes en langue anglaise est à l'heure actuelle une gageure. Il y a plus de quinze ans, les premiers essais critiques tentaient déjà vainement de définir le terme de "polynésien". Le terme devait se définir autrement que par les liens du sang. Ainsi, l'auteur samoan Albert Wendt disait de lui en 1977 " Je suis un bâtard. J'appartiens à deux mondes différents." La démonstration s'est alors engagée vers une identité culturelle mieux définie avec le "Pacific way"; expression qui s'est mise à résonner dans le Pacifique Sud à partir des années soixante-dix et qui permettait mieux de s'approcher d'un concept en formation. En 1992, on pouvait lire :
II s'agit bien au-delà des différences de constater une identité océanienne qui englobe l'identité polynésienne. [...]. Cependant si géographiquement la frontière entre Mélanésie, Micronésie et Polynésie est bien nette sur les cartes, elle l'est moins dans la réalité. Les contacts entre les différents archipels ont provoqué un certain mélange et il est difficile de trouver un type humain unique, caractéristique d'une ethnie donnée.(1)
En Nouvelle-Zélande, lorsque les premiers écrivains d'origine maorie (donc polynésienne) firent paraître leurs premières œuvres, un débat passionné s'installa dans ces îles et un critique n'hésita pas à parler de "polyzélande et d'eurozélande". Une minorité ethnique relevait la tête, voulait faire revivre une culture moribonde et les artistes de toutes sortes contribuèrent pour beaucoup à cette "renaissance maorie" des années soixante. Les premières nouvelles, les premiers poèmes furent publiés (2). Ils partageaient avec la littérature postcoloniale en général la nostalgie de temps anciens, primordiaux qu'on croyait plus purs, plus