Les progrès de la neurologie feront-ils disparaitre la « psychologie populaire » ?
septembre 2008 - janvier 2009
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Introduction
Les connaissances sur la structure interne et le fonctionnement de notre cerveau ne cessent de s’accumuler. Même si nous sommes encore aux prémisses de la neurologie, les progrès techniques et la multiplication des recherches nous apportent chaque jour de nouveaux éléments pour comprendre comment nous fonctionnons. Les partisans de la conception matérialiste de l’être humain s’en réjouissent : leur thèse est de plus en plus difficile à contrer. Dans ce contexte, des théories anciennes comme la psychologie populaire (Folk Psychology en anglais), qui se base sur des concepts a priori abstraits, voit leur crédibilité remise en cause. Ces concepts vont-ils fusionner avec ceux de la neurologie ? La psychologie populaire va-t-elle s’adapter à ces nouvelles découvertes pour évoluer ? Ou au contraire va-telle disparaître, car elle correspond à un ancien modèle devenu inadapté voire faux au regard de nouvelles découvertes ? Cette dernière hypothèse correspond à la thèse éliminativiste (Eliminative materialism en anglais), qui clame que les concepts même de la psychologie populaire sont faux et que celle-ci sera remplacée par des neurosciences « complètes ».1 L’un des défenseurs les plus connus de ce point de vue est Paul Churchland, et l’on retrouve ses ides expliquées dans l’article Eliminative Materialism and the Propositional Attiture.2 Mais cette thèse, considérée comme extrémiste parmi les thèses matérialistes, est loin de faire l’adhésion, et de nombreux auteurs, dont Terence Horgan et James Woodward dans Folk Psychology is here to stay,3 ont tenté de la refuter. Après avoir étudié attentivement le discours de Paul Churchland sous l’éclairage de Horgan et Woodward et en avoir relevé les faiblesses, nous verrons comment, entre ces trois auteurs, le débat reste assez simpliste et basique, alors qu’il nécessite d’être considéré dans