Les relations gouvernement-entreprise: du mythe de la dominance à la dépendance mutuelle à travers les théories
Guillaume Lagacé
9/15/2010
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Il existe un mythe en Amérique du Nord, notamment aux États-Unis, selon lequel le pouvoir politique est détenu en grande partie par les élites du monde des affaires. Celui-ci a longtemps été avancé par des académiciens qui percevaient le secteur privé comme un danger potentiel dans l’élaboration et la mise en application de politiques publiques. Au début du XXᵉ siècle, Charles A. Beard affirme que la Constitution américaine fut écrite par une assemblée de riches citoyens représentant les intérêts du secteur financier et des marchands qui avaient peu à voir avec les aspirations des citoyens ordinaires. Charles Wright Mill et Gabriel Kolko font également le constat d’une société américaine contrôlée majoritairement par une élite appartenant au monde des affaires censée détenir les rennes du pouvoir et exerçant une position dominante dans la prise des décisions politiques. Ce travail de synthèse-critique a pour objectif de prendre pour assise ce mythe afin de le nuancer et de démontrer que les relations entre le gouvernement et les entreprises ne correspondent pas à une domination, mais plutôt à une forme de dépendance mutuelle. Pour ce faire, deux cadres d’analyse vus au cours des lectures seront utilisés. Le modèle de «position privilégiée», ou l’approche de la puissance structurelle, principalement développée par Charles Lindblom et l’approche pluraliste conçue en partie par David Vogel seront utilisées afin de mieux cerner les enjeux entourant cette relation marquant le système politique nord-américain.
La «position privilégiée» selon Lindblom Bien que ce modèle fût développé par plusieurs académiciens, les idées de Lindblom (et de Block) à partir de 1977, permettent de fixer un nouveau point de repère dans l’étude des relations entre le