Les sans culottes.
Une figure d’opposition
Être sans-culotte, c’est avant tout une affirmation fondée sur des distinctions. Le sans-culotte, tout entier constitué par opposition à la figure de l’aristocrate5, est habillé simplement, revendique le tutoiement, s’interpelle par le vocable « citoyen », refuse l’orgueil et le mépris et agit en politique. S’il déploie, par sa physionomie, son langage, son activisme politique, des caractéristiques issues de l’ordre nouveau, il est aussi un véhicule de pratiques et de sensibilités d’Ancien Régime. Sa revendication du maximum des denrées6 s’inscrit dans la continuité des révoltes frumentaires qui avaient lieu sous l’ordre monarchique. Fraction du peuple, il parle en son nom en se réclamant de la démocratie directe. Le sans-culotte veut exercer un contrôle permanent sur les parlementaires et leurs décisions. De cette manière, il est également la figure paradigmatique d’un système de légitimité concurrent à celle de l’Assemblée des représentants.
L’enjeu que représente le sans-culotte, c’est l’entrée de la problématique sociale dans une révolution qualifiée de « bourgeoise ». Animé par la « passion égalitariste », le sans-culotte méprise la richesse et n’accepte pas non plus un modèle méritocratique de type girondin. Alors même que la démocratie ne se conçoit, non pas comme pluralité, mais comme unité, le sans-culotte est une figure qui marque l’antagonisme, d’abord socio-économique puis de plus en plus politique à mesure que la Révolution avance. Cependant, le sans-culotte ne constitue pas un groupe socio-économique homogène et ne forme donc pas une classe sociale à part entière.
Le langage du vêtement
La jolie sans-culotte en armes.
Au xviiie siècle, ceux qui ne portaient pas de culottes ceux qui portaient un pantalon, c’est-à-dire ceux qui travaillaient de leurs mains : travailleur manuel, tapissier chez Jean-Baptiste Réveillon ou typographe des Lumières, ouvrier du