Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances?
Les sens semblent être la fonction par laquelle nous perçevons le monde. Ils paraissent être parmi les données les plus élémentaires, les plus précoces et les plus universelles : dès la naissance, nous sommes en relation avec le monde et avec luimême par la sensation, au travers duquel le monde semble se donner de lui-même, se présenter de lui-même à nous. La sensation est une intelligence intuitive et immédiate, la prise de conscience d'un phénomène ( le chaud, le froid, le sucré, le bleu ), caractérisée par une réceptivité et une passivité pures. Les sens paraîssent nous fournir des connaissances de la manière la plus simple, la plus naturelle.
Mais toutes nos connaissances nous sont-elles fournies par cette sensibilité constante ou bien ne semble-t-elle pas provenir d'autres sources ? Et de ces connaissances qui viendraient à nous par les sens, nous viendraient-elles exclusivement des sens et par les sens, ou bien susciteraient-elles une fonction de l'esprit ( réflexion, intelligence, raison ) ? Faudrait-il alors recourir systématiquement aux fonctions de l'esprit pour acquérir des connaissances où la receptivité et la passivité ne seraient pas tout ?
Le terme de connaissance désigne en premier lieu l'acte par lequel nous nous efforçons de discerner et de définir un objet qui se présente à nous. « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'aperçevoir » ( Condillac ). Je vois un bateau au loin, ainsi je fais appel au sens de la vue et dès lors, je connais l'existence de ce bateau. De même, j'entends sonner le téléphone, je sens les clefs dans ma poche, etc.
Lorsque je lis un livre ou bien que j'écoute une information, je suscite également l'usage de mes sens. Il existe un courant de pensée, l'empirisme, notamment soutenu par Locke ( 1632-1704 ) et Hume ( 1711-1776 ) qui affirme que nos connaissances ne proviendraient seulement du simple