Les temps modernes Le fordisme : Le fordisme, du nom du constructeur automobile Henry Ford (1863-1947), a été présenté, à partir des années soixante-dix, comme ayant contribué, si ce n’est suscité, la consommation et la production de masse, avant d’entrer lui-même à son tour en crise, en raison de son incapacité à répondre d’une part à une demande devenue diversifiée et variable et d’autre part aux aspirations des salariés à un travail moins parcellisé. Ce faisant il a été confondu avec le taylorisme en un même modèle dit “taylorien-fordien”, alors qu’historiquement les deux modèles se sont opposés. Henry Ford a dû sa spectaculaire réussite à l’intuition d’un marché de masse potentiel constitué par les fermiers et les professions indépendantes, à la conception d’un produit unique pouvant répondre à leurs besoins à un prix qui leur soit accessible et à la mise en place d’un processus de production continue fondé sur le travail à la chaîne. Cette stratégie de volume ne pouvait cependant se poursuivre que si la demande des salariés prenait le relais. Aussi, Henry Ford invita, mais en vain, les autres patrons à se rallier à sa politique de hauts salaires. Pour que la grande masse des salariés puissent accéder à l’automobile il aurait fallu en fait instaurer une contractualisation nationale des augmentations de salaire avec les syndicats, à laquelle il s’opposa au nom d’une autorité patronale qu’il concevait sans partage. C’est pourquoi il se retrouva très vite en difficulté. La clientèle solvable se tourna vers les modèles plus adaptés à ses besoins propres et exprimant mieux son statut social. General Motors, qui avait compris qu’il était possible de combiner économies d’échelle et variétés des produits, supplanta définitivement Ford. Historiquement, c’est donc le sloanisme et non le fordisme qui a marqué la construction automobile et les industries de transformation en général, des années trente aux Etats-Unis aux années soixante-dix dans les pays