Les theories de la justice
Qu'est-ce qu'une société juste ? Voilà la question centrale de la philosophie politique. La question première vient du fait que nous constatons que le monde vécu est rempli d’injustices. À l’origine de l’ouverture du débat sur la justice, nous avons un sentiment que nous ressentons très fortement. C’est d'abord l’arbitraire que nous supportons avec beaucoup de peine. L'arbitraire nous repousse car il va à l’encontre du principe intuitif qui veut que la justice donne à chacun ce qui est sien, qu’il faut traiter de manière égale ce qui doit l’être. Ce projet implique un débat sur ce que nous souhaitons faire de la société : quelle doit être sa nature et quels critères doivent présider à nos décisions collectives.
Juillet 2004
47
Jérôme Savary
I. Trois notions de justice On distingue traditionnellement trois notions, qui forment autant de piliers sur lesquels repose la conception contemporaine de la justice en philosophie politique. - La Justice commutative. Elle est fondée sur une théorie de l'échange réciproque entre les individus et l'État. La question générale est : qu'est-ce que les individus sont prêts à abandonner au profit d'une gestion collective par l'État ? Pour vivre en société, nous avons notamment renoncé à l’usage personnel de la violence envers autrui en échange de la sécurité, de la liberté religieuse, du droit de propriété garantis en principe par l'État. La justice doit s’occuper ici de fixer l’équivalence entre ce que l’individu donne et reçoit en retour de l’État (base du contrat social). Sous cet angle, la justice doit définir dans une société donnée les obligations et les charges réciproques des individus entre eux d'un côté, de l'État vis-à-vis des individus de l'autre. - La Justice punitive. Afin de garantir la justice commutative, quand ses principes sont violés, la justice punitive entre alors en action pour sanctionner et réparer les torts commis.