Les Thermopyles H Rodote
CCV. Léonidas parvint à la couronne contre son attente. Cléomènes et Doriée, ses frères, étant plus âgés que lui, il ne lui était point venu en pensée qu'il pût jamais devenir roi. Mais Cléomènes était mort sans enfants mâles, et Doriée n'était plus,- il avait fini ses jours en Sicile. Ainsi Léonidas, qui avait épousé une fille de Cléomènes, monta sur le trône, parce qu'il était l'aîné de Cléombrote, le plus jeune des fils d'Anaxandrides. Il partit alors pour les Thermopyles, et choisit pour l'accompagner le corps fixe et permanent des trois cents Spartiates qui avaient des enfants. Il prit aussi avec lui les troupes des Thébains, dont j'ai déjà dit le nombre. Elles étaient commandées par Léontiades, fils d'Eurymachus. Les Thébains furent les seuls Grecs que Léonidas s'empressa de mener avec lui, parce qu'on les accusait fortement d'être dans les intérêts des Mèdes. Il les invita donc à cette guerre, afin de savoir s'ils lui enverraient des troupes, ou s'ils renonceraient ouvertement à l'alliance des Grecs. Ils lui en envoyèrent, quoiqu'ils fussent mal intentionnés.
CCVI. Les Spartiates firent d'abord partir Léonidas avec le corps de trois cents hommes qu'il commandait, afin d'engager par cette conduite le reste des alliés à se mettre en marche, et de crainte qu'ils n'embrassassent aussi les intérêts des Perses, en apprenant leur lenteur à secourir la Grèce. La fête des Carnies (85) les empêchait alors de se mettre en route avec toutes leurs forces; mais ils comptaient partir aussitôt après, et ne laisser à Sparte que peu de monde pour la garde. Les autres alliés avaient le même dessein ; car le temps des jeux olympiques était arrivé dans ces circonstances, et comme ils ne s'attendaient pas à combattre sitôt aux Thermopyles, ils s'étaient contentés de faire prendre les devants à quelques troupes.
CCVII. Telles étaient les résolutions des Spartiates et des autres alliés. Cependant les Grecs qui étaient aux Thermopyles, saisis de frayeur à