Les trois états de la culture
21.01.10
Le texte qui suit est une réflexion sur le rapport de la société française contemporaine à la culture. La culture en France a aujourd’hui 3 visages. Et ils ne sourient pas.
Culture comme occupation
Les auteurs comme Lévy ou Musso, les films à succès comme Bienvenus chez les Ch’tis, les Choristes ou Amélie Poulain, le prouvent. Une culture populaire, de masse, existe bel et bien en France. Elle se trouve dans les DVD de la ménagère, elle est dans les livres qu’achètent les gens qui, d’ordinaire ne lisent pas. Elle est diffusée à jet continu par les collectivités locales, les associations, les industriels. 2 500 festivals d’été en France, la chaîne de grande distribution spécialisée Cultura qui s’implante dans les grands centres commerciaux périphériques des villes. Près de 700 livres parus lors de la rentrée littéraire 2009. Les musées de par le monde s’embellissent, connaissent le succès. La fréquentation des musées français est en hausse pratiquement constante... La culture au sens de l’accès aux biens et créations culturelles se répand comme occupation de masse.
Tout le monde veut de la culture, et cela tombe bien, tout le monde en vend. Les milliardaires à la Pinault ou les compagnies d’intermittents du spectacle précaires comme celles que l’on voit dans les spectacles de rue organisés par les collectivités. Les organismes publics comme les sociétés privés. Des magasins "en dur" comme des sites internets virtuels. Dans cette profusion, acheter le dernier Musso ne prête pas plus à conséquence que d’assister à une performance vidéo subventionnée par une DRAC. Aller voir la fondation Pinault à Venise, c’est de la culture. Rentrer chez soi et siroter le dernier Gavalda, c’est de la culture. Tout est culture. Les publicités sont de la culture, la culture pub. Les publicités pour la culture sont encore de la culture. Un océan de culture. Une mer calme, sans débat, sans hiérarchie.