Les valets
Le valet est un personnage clé de la comédie des 17e et 18e siècles, alors même que son rôle social semble très limité dans la réalité. Le valet nous venge de tout ce que nous n'osons ou ne pouvons pas faire. Par un processus d'identification, le valet offre donc au spectateur aujourd'hui encore une liberté et une revanche symbolique contre tout ce qui le rend esclave, en battant son maître, ou en mentant effrontément pour s'en tirer. De plus, le valet a une dimension dramaturgique essentielle, car il agit pour le plaisir de l'action et symbolise l'illusion comique: il est désintéressé, fait des actes gratuits, il n'est donc finalement que du jeu. Les valets sont aussi l'outil principal dans le déroulement de l'intrigue. Ainsi, le jardinier du château dans Le mariage de figaro apparaît dans la scène 21 de l'acte 2 pour dévoiler l'évasion de Chérubin par la fenêtre de la chambre de la comtesse. Il apparaît comme un ivrogne borné et berné par Figaro. La fiancée de Figaro, la servante Suzanne, représente un sujet presque équivalent qui prend le dessus sur Figaro et le comte dans le dernier acte, puisque tous deux sont les dupes des femmes. Même si les valets chez Marivaux demeurent souvent des personnages secondaires et sont plutôt «agis» par leurs maîtres qu'ils n'agissent contre eux (ils agissent d'abord par obéissance), il leur arrive de prendre une large part d'initiative. Lisette et Arlequin, dans Le Jeu de l'amour et du hasard développent leur propre intrigue sentimentale à l'occasion de l'échange des identités avec leurs maîtres.
Les valets de Marivaux, sont parfois moins nobles, mais toujours du côté du comique, ils reprennent certains clichés de la comédie classique: Arlequin, dans L’île des esclaves, est le valet porté sur la boisson, chantant comme un ivrogne, épinglant son maître avec ironie et de manière fort spirituelle pour la plus grande joie du spectateur: «Étourdi par nature, étourdi par