Les violences urbaines
Cette intervention déjà datée met en relief trois grandes caractéristiques de ce que l'on appelle les « violences urbaines » :
Leur ancienneté relative, en tout cas aux États-Unis d'Amérique.
Leur irruption sporadique à des périodes et dans des villes différentes.
L'incapacité apparente des pouvoirs publics à les comprendre, puis éventuellement à les combattre.
Si la première caractéristique devrait aider l'historien à les définir, elles apparaissent insaisissables au regard des deux autres, leur caractère éminemment éruptif et les errements supposés des autorités publiques cherchant à les circonscrire empêchent finalement de cerner précisément le problème. Pour contourner la difficulté de délimitation de l'objet et éviter d'avoir à prendre en compte le temps long dans leurs analyses, les auteurs ont par conséquent généralement recours à une définition limitée du phénomène qui ne correspond qu'à sa forme la plus récente, celle qu'il a prise ces dernières décennies, voire ces dernières années. Ainsi en est-il de Sophie Body-Gendrot, qui affirme notamment que le terme « violence urbaine » désigne « des actions faiblement organisées de jeunes agissant collectivement contre des biens et des personnes, en général liées aux institutions, sur des territoires