Les émeutes de 2005 ( baccalauréat au bade-wurrtemberg)
Karim met le contact. À 21 ans, le jeune homme partage son temps entre la fac et « un taf (travail) au noir» pour aider sa mere à payer le loyer. Aujourd'hui, son camion de livraison roule sur les rues de Clichy-sous-Bois, fenêtres ouvertes. II fait beau. Les HLM défilent.
5 Murs lépreux, vitres cassés, boîtes aux lettres défoncées, escaliers et murs tagués. Le véhicule dépasse le Burger King Muslim, un nouveau fast-food halal, très prisé dans cette ville où près de la moitié des 25 000 habitants ont moins de 25 ans. Il n'y a personne dans l’allée Maurice-Audin, où s'affrontaient il y a dix jours les jeunes et les forces de l’ordre au milieu de voitures en flammes ou renversées. Ici et là, des traces de voitures brûlées
10 restent. Karim qui appelle au calme depuis le début des violences gare la voiture. Une dizaine de ses camarades discutent au pied d'une HLM dans le quartier du Chêne pointu, d'où sont parties les premières émeutes, juste après la mort de deux jeunes Clichois qui se croyaient poursuivis par la police. La contagion des violences à toutes les banlieues de France,
15 personne ici ne l'avait prévuee. «Au début, ça nous a fait chaud au cœur,» dit Karim. «Même les cités rivales ont été bouleversées par la mort des deux petits!» Karim a participé aux premières nuits d'émeutes avant d'arrêter parce que «ça dégénérait». «Au début, on était tous ensemble et on poursuivait le même objectif: venger nos deux amis. Après, chacun brûlait dans son coin, et c'était brûler pour brûler. Ça ne vaut pas la
20 peine de risquer la prison pour ça.» À Clichy-sous-Bois, les jeunes suivent les évènements au jour le jour, ne parlent plus que de ça. Mais si beaucoup sont «fiers» que tout ait commencé ici, certains trouvent aussi que «ça va trop loin». «Ils brûlent des bus qui sont là pour nous rendre service, s'énerve Mohamed. Ils tapent des gens. Ici, c’était