Lettre 28 :

Avec la Lettres persanes, Montesquieu engage avec allégresse le combat des Lumières. Usbek et Rica ont quitté leur Perce natale pour découvrir en France des mœurs et des usages qu’ils ne comprennent pas – ce qui permet à Montesquieu de faire la satire de traditions et de conventions parfois absurdes dont nous n’avons même plus conscience tant nous y sommes habitués. Ce regard étranger porté sur la société française, dont aucun aspect, sociale, politique ou religieux, n’est épargné, n’est cependant pas objectif : Usbek reste préoccupé par ses femmes, qu’il a laissés en Perse. Le drame couve… Le principe des Lettres persanes est d’inverser notre rapport habituel au monde : le fait le plus banal devient surprenant quand il est vu par un étranger. La première lettre que Rica envoie de Paris est justement fondée sur une inversion révélatrice : au théâtre le spectacle est dans la salle, où la comédie du monde se donne libre cours. On voit ainsi se mettre en place, dès la lettre XXVIII, une manière de procéder que Montesquieu utilisera dans toute la partie analytique et critique de l’œuvre : l’utilisation de l’étonnement permet de présenter une vision originale des choses vues la référence constante à l’Orient garantit l’authenticité des épistoliers (et masque ainsi par le subterfuge des pseudo-Persan, la présence de l’auteur réel). Ces deux éléments conduisent à l’efficacité d’une critique souvent très sévère que la fantaisie et l’apparence du bonhomie du ton atténuent, du moins en apparence. Il conviendra donc d’étudier la description faussement objective que fait Rica du spectacle complexe qui s’offre à sa vue., source d’étonnement et de quiproquo comique. Il s’agira ensuite de montrer que le ton naïf se trouve utilisé pour rendre plus efficace une critique faite par des étrangers orientaux découvrant la France.

(I. La description étonnée faite par le Persan)

Rica évoque, de manière apparemment objective, un spectacle donné au