Introduction :Les lettres persanes publiées en 1721 se présentent comme un roman épistolaire. Au début du 18ème siècle, le roman est un genre mal considéré. Montesquieu choisit la fiction du roman épistolaire pour donner une prétendue authenticité au récit et aux critiques qu’il présente dans cet ouvrage et échapper à la condamnation d’un genre bas. L’exotisme est à la mode, Montesquieu peut espérer un succès auprès du public. Le roman épistolaire permet de multiplier les points de vues et amener le lecteur à adopter le regard de l’étranger. L’histoire des Troglodytes se trouve dans un groupe de lettres appartenant à la 1ère partie qui relève des récits de voyage (lettres 1 à 23). L’apologue dont nous allons étudier la conclusion (lettres 11 à 14) et qui constitue la réponse du sage Usbeck à son ami Mirza rester en Perse qui lui demandait d’expliciter sa pensée quand il affirmait " [que] les hommes sont nés pour être vertueux, et [que] la justice est une qualité propre à l’existence ". Mirza et Usbeck réfléchissaient alors à un sujet très débattu en cherchant à déterminer " si les hommes étaient heureux par les plaisirs et la satisfaction des sens ou par la pratique de la vertu ". Montesquieu prête ici à Usbeck une parabole pseudo historique pour exposer son point de vue sur le bonheur et la vertu. Or Montesquieu traite de thèmes essentiels à ses yeux puisque les analyses des différentes formes de pouvoir seront longuement développées dans l’œuvre de toute sa vie (De l’Esprit des lois) mais sans changer les conceptions qu’il présente ici sous la forme de mythe afin de mieux frapper ses contemporains.
I - Le jeu d’emboîtement dans le roman épistolaire
A) Une lettre fictive comme moyen de persuasion
- Il y a un destinataire, et un lieu l.1
- Utilisation du calendrier arabe l.40
- Pas de formule de politesse car → réponse à Mirza
- Dépaysement du lecteur, par les lieux, les dates, d’autant plus que l’apologue et la parabole sont des procédés courants en