Lettre a Me ne ce e
Épicure ([-342] - -270)
Traduction de Octave Hamelin (1910)
Édition électronique (ePub, PDF): Les Échos du Maquis, 2011.
Note sur cette édition électronique
Traduction d’Octave Hamelin, publiée dans la Revue de métaphysique et de morale, 1910 ; les numéros entre parenthèses correspondent aux paragraphes du
Livre X des Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, dont est extraite la lettre d’Épicure.
Le texte utilisé ici se trouvait sur le site de l'Académie de Créteil: http://philosophie.ac-creteil.fr Les Échos du Maquis, janvier 2011.
Lettre à Ménécée
(122) Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l’âme. Or celui qui dit que l’heure de philosopher n’est pas encore arrivée ou est passée pour lui, ressemble à un homme qui dirait que l’heure d’être heureux n’est pas encore venue pour lui ou qu’elle n’est plus. Le jeune homme et le vieillard doivent donc philosopher l’un et l’autre, celui-ci pour rajeunir au contact du bien, en se remémorant les jours agréables du passé ; celui-là afin d’être, quoique jeune, tranquille comme un ancien en face de l’avenir. Par conséquent il faut méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur puisque, lorsqu’il est à nous, nous avons tout, et que, quand il nous manque, nous faisons tout pour l’avoir.
(123) Attache-toi donc aux enseignements que je n’ai cessé de te donner et que je vais te répéter ; mets-les en pratique et médite-les, convaincu que ce sont là les principes nécessaires pour bien vivre. Commence par te persuader qu’un dieu est un vivant immortel et bienheureux, te conformant en cela à la notion commune qui en est tracée en nous. N’attribue jamais à un dieu rien qui soit en opposition avec l’immortalité ni en désaccord avec la béatitude ; mais regarde-le toujours comme possédant tout ce que tu trouveras capable d’assurer son