Lettre d'un poilu
Samedi dernier, nous avons retrouvé près de Verdun, la lettre de Victor, un soldat belge. Il décrit l’atrocité de la guerre qu’il est occupé à vivre.
Verdun, le 28 novembre 1916
Chers parents, cher frère et sœur,
Je profite de ces quelques instants pour vous faire part d’une de mes rudes journées que je subit depuis maintenant deux ans.
Soldats morts dans des tranchées
Soldats morts dans des tranchées
Ce matin c’était le repos total et ce n’était pas trop tôt ! Je n’étais plus en danger car la dernière batterie boche qui tirait sur le village que nous occupons avait déménagé. Il faisait donc calme et la population pouvait évacuer peu à peu. J’ai pu rattraper le sommeil perdu des jours passés en faisant une petite sieste. On parlait beaucoup de paix ce jour-là, mais ce n’était pas encore pour cette fois. Les mitrailleuses allemandes ne cessent leur tir que pour le reprendre aussitôt. Mais grâce aux carrières où nous nous abritions, nous avons pu creuser nos trous facilement et nous protéger le plus rapidement des boches. Dans l’après-midi, les balles sifflaient de nouveau très près et c’est un miracle que l’un de nous n’ait pas encore été atteint. La tranchée ennemie était à deux cents mètres de nous. Tout d’un coup, une brise froide souffla ainsi que des rafales de grêle et de pluie, ce qui compliqua encore plus les choses car nos trous se remplissaient petit à petit d’eau. Depuis hier, je suis installé avec les autres soldats dans une immense carrière à Verdun. Ce qui me sert de couchette se trouve tout au fond, à quatre cents mètres de l’entrée. Ces carrières nous servent actuellement d’abri sécurisé. Je n’avais jamais séjourné dans des carrières, je n’avais fait qu’y passer. Nous devons loger là durant 12 jours. Il y fait très sombre car nous n’avons la lumière électrique que seulement trois fois par jour, et entre ces moments, notre seule source de lumière reste la bougie. De plus, les courants d’air sont terribles et le