Lettre d'un poilu
Ma Chérie ;
Nous sommes terrés dans les tranchées depuis trop longtemps, je n’en peux plus ! Constamment j’entends le bruit des éclats d’obus. Il ne s’arrête jamais, à croire que les stocks sont inépuisables. Et puis même s’il s’arrête, ce fracas sera à jamais dans ma tête. Comme tous ici, je me suis habitué à ne peux plus dormir. Et je me demande si les Allemands eux y arrivent. Je ne l’espère pas car il ne faudrait pas qu’ils aient plus de force que nous. J’espère que les rats les dérangent au moins au tant que nous, ce sont de vrais parasites ses bêtes là. Au fond je pense que je n’ai rien contre les Allemands, mais c’est que je ne veux pas mourir moi ! Cela fait maintenant trois jours et trois nuits que notre artillerie pilonne leurs tranchées. Il ne doit plus rester grand monde là-bas, en tout cas c’est ce que le commandant nous dit. Il avait dit la même chose le premier juillet dernier, et pendant l’assaut de leurs tranchées, ils sont tous sortit et nous ont rasé avec les armes automatiques. Ouf ! J’en tremble encore, ce jour-là j’ai eu énormément de chances. Nous étions huit cents à sortir de nos tranchées et à marcher en lignes d’un pas assez rapides mais pas trop, car nos équipements sont très lourds. Et à peine eussions nous fait dix mètres que je voyais tous mes camarades tombés à une vitesse fulgurante. Nous n’étions plus qu’une poigné lorsque nous reçûmes l’ordre de revenir. A ce moment-là nous n’étions plus que soixante huit. De retour à la tranchée, je me rendis compte de l’ampleur des pertes. C’est à cet instant que ma jeune inconscience laissa place à la peur. Mes brodequins sont complètement usés et laissent passer la boue. J’ai les pieds sales et trempés, avec un peu de chances je ne tomberai pas malade. Mais c’est presque le cadet de mes soucis, car en ce moment deux de mes camarades qui remettaient en place des barbelés reviennent les pieds devant. Un Shrapnell les a eu, je les déteste, c’est l’une de nos plus grandes peurs. Il y