lettre à jean de la fontaine
Versailles, ce 16 Juillet 1678
Très Cher Fabuliste,
Je cède à ma faiblesse pour vous écrire et répondre à votre apologue. Il m’a semblé comprendre que de part votre flatterie, vous cherchiez à me plaire et à m’instruire, vous laissant ainsi aller librement au plaisir de conter. Je connais vos différents envers le roi mais soyez serein, notre pudique correspondance ne sera pas divulguée. Vous évoquez mon bon goût littéraire, ma culture et mon bel esprit, c’est pourquoi je me permets par ces quelques lignes de vous donner mes sentiments concernant vos écrits.
En lisant vos récits, j’ai compris que vous décriviez les hommes en les remplaçant fréquemment par des animaux pour pouvoir échapper à la censure étant donné qu’un grand nombre de vos fables sont une critique de la société, de la cour, voir directement du roi. En vérité, les animaux ne sont pour vous qu’un moyen de permettre vos publications sans que le roi ne se sente attaqué, comme dans « La cour du lion » où le renard feint un grand rhume pour ne pas excéder le sire. Ne serait-ce là que le seul intérêt qui vous anime ? Une manière d’exprimer vos désaccords par une critique déguisée de la société ? Pourquoi prendre des risques en poursuivant des chimères, risquer sa place ou sa vie par un excès de franchise… J’aime à penser que vos fables soient plutôt une fine perception de la psychologie humaine, une instruction pour les hommes de part les valeurs morales qui y sont transmises dans la beauté de l’écriture. Vos vers sont si agréables à lire et si plaisant à écouter.
Certains thèmes reviennent régulièrement dans votre Livre VII, notamment la sagesse, le pouvoir ou la raison. En effet, vous prétendez qu’il faut savoir rester à sa place dans la société en ayant une condition sociale déterminante qui influence même la justice comme dans « Les animaux malades de