Lezama lima
Il n’est pas nécessaire de plonger dans Paradiso, l’œuvre maîtresse de Lezama Lima, pour chercher et comprendre sa conception de la politique. Un court texte, inaugurant et donnant le titre à son seul recueil de nouvelles, Le jeu des décapitations, écrit dans l’intervalle qui sépare ses vingt ans de ses trente ans, nous renseigne utilement.
La structure de ce récit, mais davantage encore, ses idées présentées en de très courtes métaphores, instruisent – et semble-t-il instruisirent – tout lecteur lambda avide de continuer le fleuve torrentiellement baroque de Paradiso de la vision politique de cet auteur.
Ce court récit qu’est Le jeu des décapitations a pour fond la vie de quatre personnages dans la Chine ancestrale : l’Empereur, son épouse, un magicien et un rebelle nommé Le Royal. Ce dernier s’avérera être de sang royal et parviendra à liquider tout ce petit monde pour occuper le trône cinquante ans durant.
L’histoire débute, et rebondit fréquemment, à l’aide d’un objet aux ramifications psychologiques complexes, le miroir (I), permettant à l’auteur de jongler avec nombre de poncifs sur la politique (II), qui font se dégager un penseur Tocquevillien contre-révolutionnaire (III), qui gêna un temps, le pouvoir en place.
I. Le miroir dans l’œuvre, ou comment renvoyer une image détournée
Le miroir, ou comment l’écriture s’étire dans son propre reflet. Tel pourrait être le titre d’une œuvre de ou sur Lezama Lima, tant cet objet aux ramifications psychologiques et symboliques puissantes est utilisé dans Le jeu des décapitations.
Il en est même le centre et en donne le titre : le Magicien, dont l’art « tenait en un grand raffinement de la technique de la prestigiditation », avait un numéro dans lequel, par un jeu de miroirs, il décapitait ses semblables. La réalité était toute autre, il s’agissait d’un animal placé différemment sur la scène et qui, au coup donné sur la nuque,