Libres et de bonne humeur
Le sérieux serait-il incompatible avec l’humour ? Mais au fait, l’humour, qu’est-ce que c’est ? A quoi sert-il ?
Faisons un détour par l’Histoire : au Moyen-Âge le mot « humeurs » au pluriel désigne à la fois les dispositions du tempérament et les fluides corporels, théorie empruntée à Galien qui pensait qu’ils régissaient le comportement et la santé. Au 17ème siècle, Pierre Corneille utilise le mot humeur dans le sens « Penchant à la plaisanterie, originalité facétieuse ». C’est dans ce sens qu’au milieu du 18ème siècle, les Anglais utilisent le mot « humor », se vantant d’être les seuls à avoir cet état d’esprit puisqu’ils croyaient être les seuls à lui avoir donné un nom. Rentré en France grâce aux liens entretenus par les penseurs des Lumières avec les philosophes britanniques, il nous revient sous la forme « humour ». Mais si l’humour anglais, c’est faire semblant de se prendre au sérieux, avec un sens poussé de l’incongru, du ridicule, de l’absurde , quand il devient français c’est exactement le contraire : c’est ne pas se prendre trop au sérieux. En fait, pour les distinguer, suivons Pierre Desproges : «L'humour anglais souligne avec amertume et désespoir l'absurdité du monde. L'humour français se rit de ma belle-mère. ».
Depuis le siècle des Lumières l’humour n’a cessé de traverser les siècles, les continents ; il est cependant diversement apprécié selon les cultures, les pays et même l’âge de ces adeptes; ce qui est considéré par certains comme de l’humour peut être perçu par les autres comme une moquerie ou une insulte. L’humour est souvent le reflet d’une culture ou d’une société et il se moque des faiblesses ou des aspects cocasses de tel peuple, religion ou tel type de personnage.
Ainsi on voit fleurir les blagues des Français sur les Belges, des Canadiens sur les