Limite de l'adn
En 1985, un professeur en génétique de l'université de Leicester (Royaume-Uni), Sir Alec J. Jeffreys, conçoit une nouvelle méthode d'identification de chaque individu, à partir des segments dits "non codants" de son ADN (sur lesquels on ne peut extraire d'informations physiologiques, morphologiques ou héréditaires, hormis le marqueur du sexe). Cette découverte est à l'origine de la création des fichiers génétiques de la police, qui permettent d'identifier les criminels, mais aussi d'innocenter les suspects. A partir de presque rien : une minuscule tache de sang, un seul cheveu, de la salive laisée sur un mégot ou un timbre, des traces de sueur sur un vêtement, ou encore, a fortiori, une gouttelette du sperme d'un violeur.
Vingt ans après la découverte d'Alec Jeffreys, la police britannique dispose du plus grand fichier d'empreintes génétiques du monde : il regroupe le profil de quelque 2 millions de personnes. Actuellement, "au moins 30 pays, dont 20 en Europe, ont constitué des bases de données génétiques" à des fins policières, note fièrement Sir Jeffreys. Selon lui, l'efficacité de ces bases n'est plus à prouver et la banque génétique de la police scientifique britannique, créée en 1995, est un "fantastique succès". Un avis partagé par le ministère de l'intérieur britannique, selon lequel "'il y a 40 % de chance pour qu'un prélèvement génétique, effectué sur le lieu d'un crime, soit immédiatement associé au profil d'un individu dont l'ADN est d'ores et déjà présent dans la base de données".
COURSE AU FICHAGEDe plus en plus de pays décident de suivre l'exemple d'outre-Manche, mais certains avancent prudemment. Les policiers britanniques sont en effet habilités à prélever l'ADN de simples suspects,