Linguistique et groupe sociale
Linguistique et groupes sociaux
In: Langue française. N°9, 1971. pp. 119-122.
Citer ce document / Cite this document : Marcellesi Jean-Baptiste. Linguistique et groupes sociaux. In: Langue française. N°9, 1971. pp. 119-122. doi : 10.3406/lfr.1971.5579 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1971_num_9_1_5579
Jean-Baptiste Marcellesi, Rouen.
LINGUISTIQUE ET GROUPES SOCIAUX
II paraît possible de caractériser les résultats des recherches présentes par quelques constantes. Il était tentant de se référer à l'hypothèse de Whorf et Sapir selon laquelle « le langage d'une communauté est organi sateur de son expérience et forme ainsi son monde et sa réalité sociale » (Ferry, 1970) et de penser qu'on pouvait la faire descendre de la langue (à laquelle l'ont réservée dans la pratique Whorf et Sapir) à la parole et au discours. De même ceux qui avec Lévi-Strauss (1958) voient dans la langue un produit de la culture étaient également conduits à poser le principe de l'homologie entre langue, histoire et civisation. En réalité, s'il est bien certain qu'il y a des « dialectes sociaux » comme des dialectes régionaux, si par exemple aux U.S.A. « la prononciation des voyelles est un indice indiscutable de la couche sociale à laquelle on appartient » (Mac David Jr., 1966), la multiplicité des communautés socio-culturelles dont chaque locuteur peut faire partie, la maîtrise des divers registres de la parole doivent mettre en garde contre toute conception mécaniste des rapports discours-groupe social. Ainsi F. Gadet insiste sur le fait que les recherches limitant le nombre d'invariants choisis portent sur des phénomènes linguistiques que le locuteur ne peut guère contrôler (faits phonétiques par exemple). Il faudrait déterminer ce qui se passe quand on change de classe ou qu'on veut imiter les locuteurs d'une autre classe; même au niveau morphophonologique un certain contrôle doit être possible. En tout cas, au