Litterature
La Révolution Française proclame la fin des privilèges, l'égalité de tous devant la loi, l'existence de droits naturels que l'Etat doit respecter de façon absolue. En même temps apparaît l'idée de liberté de conscience qui aboutira progressivement à détacher l'Etat de la Religion. Dans cette logique, la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789 est un texte purement laïque, établissant des droits naturels, excluant toute référence au droit divin sur lequel reposait l'Ancien Régime. Comme fondement du politique, la nature humaine remplace ici la volonté de Dieu. Mais si la religion est exclue de ce texte, l'esprit religieux l'est-il également ? Marx ne le pense pas. Pour lui, la conception libérale (au sens économique et politique du terme ---> libéralisme) des droits de l'homme reproduit, sous une forme apparemment non religieuse, le modèle chrétien, à la fois illusion et aliénation.
La démocratie libérale, en effet, repose sur le dualisme homme/citoyen, société civile/communauté politique, de même que la religion chrétienne repose sur le dualisme cité terrestre/cité c‚leste ( cf. : "Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu" ). En tant que citoyen, l'homme participe aux affaires de l'Etat, il pense à la communauté, aux intérêts de tous... Ici règne l'égalité en droits. Mais en tant qu'homme privé, membre de la "société civile" (monde du travail, de la famille, des affaires privées... et surtout de la concurrence économique) chacun suit ses intérêts sans se soucier des autres. Ici règnent les inégalités de fait (richesses, propriétés, chances inégales devant l'instruction, l'emploi, ...) Ces deux mondes sont bien séparés, contrairement à l'époque féodale, par exemple, où rôle politique et vie privée n'étaient pas séparables (la propriété personnelle du seigneur ne se distinguait pas de son pouvoir politique