littérature française
LA GAUCHE AU POUVOIR
Officier français de confession israélite, condamné pour espionnage en 1894, déporté à l’Ile de Diable, Alfred Drefus déchire la France en deux. Reconnaître l’erreur judiciaire, c’est accuser l’armée française (qui a utilisé de faux documents pour le faire condamner). Obtenir sa grâce, c’est réhabiliter un « juif ». Tandis que pour des patriotes de parti pris et des idées catholiques intransigeants, sa culpabilité ne fait aucun doute, les antimilitaristes de gauche, exhortés par Emile Zola dans son manifeste « J’accuse », poursuivent leur combat pour la justice et la liberté. En 1906, Alfred Drefus est lavé de tout soupçon. Les références à l’affaire Drefus sont innombrables dans les œuvres de cette période, et notamment dans « À la Recherche du temps Perdu ». L’accession de la gauche au pouvoir partage les écrivains et crée de nombreux cas de conscience. Les doctrines humanitaires de Jean Jaurès, fondateur du parti socialiste (1901), suscitent l’adhésion de Romain Rolland, Anatole France. Mais d’autres s’effraient de ce virage à gauche. L’église, entrée en conflit avec l’état, s’en voit séparée en 1905. Cette crise religieuse provoque un sursaut des spiritualités. On observe le retour au catholicisme d’hommes comme Paul Claudel, Charles Péguy. La défaite de la droite conservatrice et l’affaiblissement du pouvoir des prêtres sont ressentis comme autant d’atteintes aux idées traditionnelles.
UNE SOCIETE AGONISANTE
Les structures sociales, que la lutte des classes avait secouées à plusieurs reprises au cours du XIXème siècle, ne sont qu’ébranlées. Dans l’Europe entière, où les derniers empires s’affaissent et où les unités nationales se consolident, les romanciers perçoivent la mutation de la société, victime de sa propre civilisation. Marcel Proust remonte le fil du temps dans « A la Recherche du Temps Perdu » vers un passé aristocratique révolu. L’Allemand Thomas Mann donne avec