Littérature
Je suis ce que je pense et je pense ce que je suis. En tant qu'homme, je suis un être pensant. Toute conscience étant intentionnalité (Husserl), rien de ce que je suis ne m'échappe. Mais, ce que je suis est une chose. La conscience que j'ai de moi-même en est une autre. La preuve en est qu'autrui est capable de me révêler des traits inconnus de ma personnalité. De plus, nombre de mécanismes inconscients viennent troubler la connaissance que j'ai de moi-même.
La conscience de soi est-elle le témoignage de ce que nous sommes, de sorte que la conscience serait le tout de soi-même, nous apportant une connaissance intime et vraie de notre être, ou la conscience que nous avons de nous-mêmes n’est-elle qu’une partie de ce que nous sommes, de sorte qu’il y aurait en nous une part d’inconnu, qui nous serait cachée et qui prendrait la forme d’un inconscient ? La conscience semble être limitée à une certaine partie de nous-mêmes, de sorte qu’elle ne nous livre pas une connaissance pleine et entière de notre être. Il faut donc dépasser la conscience pour acquérir une véritable connaissance de soi.
Ne suis-je pas d'abord conscience d'être avant d'être l'être dont j'ai conscience ?
Il y a donc deux questions qui sont à distinguer:
- la question de fait: comment puis-je lucidement prendre conscience de mon être ? - la question de droit : en tant qu'être conscient, mon être est-il ce dont j'ai conscience ?
La conscience vise un objet, mais si j'ai conscience que le ciel est bleu, l'est-il vraiment ? Cependant, quand ma conscience se porte sur moi-même, l'identité de la visée et de ce qui est visé semble apporter une certitude : si j'ai conscience d'être triste, je le suis car cette tristesse coïncide avec la conscience que j'en ai. Je serais donc toujours ce que j'ai conscience d'être. Cependant, mon expérience m'apprend que je peux me tromper sur moi-même. Quel est donc cet être dont je prends conscience et