Littérature
Roman à visée polémique violente, La Religieuse est une narration pamphlétaire qui n’est pas pour rien dans la réaction anticléricale révolutionnaire. Diderot y a composé des tableaux frappants et pleins de pathos de la vie claustrale[1]. Le passage que nous allons étudier est l’un des points culminants de la violence perverse propre aux systèmes fermés, que dénonce Diderot. En effet, après avoir prononcé ses vœux et les avoir confirmés parce qu’elle avait été trompée, contrainte ou amadouée, l’héroïne perd successivement ses parents et la supérieure du couvent avec laquelle elle avait un bon contact. Privée de tout soutien, prévenue de son sort futur par une religieuse devenue folle quelque temps auparavant, Suzanne écrit un mémoire qui contient en abrégé tout ce qu’elle écrira par la suite à son narrataire[2].
Quels moyens Suzanne emprunte-t-elle pour persuader son destinataire, et dans quelle mesure ce texte constitue-t-il une narration exemplaire, à visée argumentative