Littérature
Après la préface de Pierre et Jean (1887), on peut en douter. MAUPASSANT y dénonce entre autre l'arbitraire d'un regroupement de textes très dissemblables sous l'appellation « roman » (Flaubert et Cervantès par exemple).
Autant il paraît indiscutable de présenter à peu près les mêmes « origines » du roman, autant son fondement générique semble plus difficile à établir, du fait de sa multiplicité et de son absence de règles. [NB:Généralement, les critiques considèrent le Quichotte (1605-15) comme premier roman européen ; L'Astrée (1607-1628) concurrence la primauté en France avec La Princesse de Clèves (1678) selon que l'on admet ou non comme constitutif du genre la mise en intrigue (pour L'Astrée) ou la psychologie (pour La Princesse). ROBERT [(13)] ignore quant à elle la prose française et prend pour base romanesque les deux pionniers Don Quichotte et Robinson Crusoë (1719) ; KRISTEVA [(12)] a trouvé comme premier roman européen Jehan de Saintré de Jean de la Salle (1385-1460); à signaler que ni l'Histoire de Francion (1622) de Charles Sorel, ni le Roman comique (1651-57) de Scarron ne sont répertoriés comme « romans » par les critiques français.] Tentons donc de voir si le « genre » romanesque présente: a)une unité thématique, b) une unité formelle (modélisation), c) une unité pragmatique (relation de communication). Il reste entendu que ces trois unités classificatoires ne prétendent pas réduire le roman à un seul critère de généricité mais à la combinaison des trois puisque la multitude des produits que l'on rattache à son enseigne apparaît évolutive et sans cesse relativisée, c'est-à-dire jamais clairement définie: « Les chercheurs ne réussissent pas à dégager un seul indice précis et stable du genre romanesque, sans faire une réserve qui, du coup, réduit à néant cet indice » [BAKHTINE (14),