litérature
Caligula, pièce de théâtre, 1938
Albert Camus 1913-1960
« L’histoire de Caligula est celle de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs »
A. Camus
Ecrite à 25 ans, la pièce Caligula fut remaniée plusieurs fois par la suite, en 1945 notamment. Elle présente un mélange de registres important, tragédie, farce, drame. Elle sera jouée par une troupe de jeunes comédiens fondée par Camus lui-même en 1935, le Théâtre de l’Equipe, avec Gérard Philipe dans le rôle de Caligula. La première représentation était constituée d’un décor de palais aux murs nus, couleur chaux brûlée. Les costumes romains étaient eux ocre, rouge, brun.
Inspiré dans son écriture par son professeur de philosophie, M. Grenier, et par la Vie des Douze Césars de Suétone, Camus refuse cependant que l’on qualifie cette œuvre de « pièce à thèse », même si elle introduit de nombreux débats moraux et philosophiques. C’est pour lui une pièce d’acteurs et de metteur en scène, de rôles de composition et de scènes spectaculaires. De Caligula, il déclarera dans une interview de 1945 : « Je n’ai rien inventé, je n’ai rien romancé, je l’ai pris tel que Suétone nous l’a transmis ». Il utilise cependant les personnages historiques pour approfondir avec le spectateur une pensée personnelle en recherche.
Cette pièce fait partie, avec le roman l’Etranger et l’Essai Le Mythe de Sisyphe, du cycle de l’Absurde.
Caligula commit en effet des actes aussi atroces qu’absurdes. Dans La Vie des Douze César, retraçant la lignée des empereurs romains de César à Domitien, Suétone parle de l’évolution de la folie de plusieurs empereurs de la branche Julio-Claudienne, au nombre desquels Caligula et Néron, le pire de tous. Le mot latin Caligula signifie « petite bottine » ; c’est ainsi que l’armée avait surnommé l’enfant qui courait autour d’elle et qui serait, à 25 ans, choisit comme empereur selon sa volonté et selon celle du peuple. Le portrait qu’en fait l’historien romain est fort déplaisant