Livre Lorraine
A
u début des années 1960, certains journalistes ont comparé la Lorraine au Texas tant étaient fortes sa réputation industrielle et son attraction sur les hommes.
Vingt ans plus tard, la presse regorgeait d’articles décrivant une région sinistrée frappée de plein fouet par une succession de crises. L’image de la Lorraine qui s’est alors progressivement imposée est celle d’une vieille région industrielle en crise.
Par ailleurs, en ce début du troisième millénaire, est modelée par les décideurs régionaux une autre image, celle d’une Lorraine au cœur de l’Europe cherchant à se construire une nouvelle personnalité faite de dynamisme et d’ouverture.
Qu’en est-il de la réalité de ces images opposées ?
La réalité du passé industriel lorrain est incontestable : nul ne peut nier l’importance du textile, de la sidérurgie, de l’extraction houillère et même de la chimie dans l’économie régionale et nationale. Nul ne peut ignorer, non plus, la gravité de la crise sur les espaces et les hommes. Les usines ont fermé les unes après les autres, les friches industrielles se sont multipliées, la population lorraine a décliné en raison du déficit migratoire, alors que la plupart des autres régions françaises croissaient. Au cours des trois dernières périodes censitaires (1975-1999), celle-ci est passée de 2 331 800 à 2 310 076 habitants. Néanmoins, paradoxalement, le taux de chômage régional est resté toujours très proche de la moyenne nationale et il est même passé légèrement en deçà à partir de 1989 : ainsi, en 2000, le taux lorrain était de 8,7 % alors que la taux national était de 9,8.
La focalisation sur l’apogée industrielle et sur la crise a occulté une réalité essentielle, à savoir que la Lorraine ne se réduit pas à ses espaces industriels. Au total, ces derniers n’occupent proportionnellement que des surfaces modestes au regard de l’extension totale de la région et, de surcroît ils sont circonscrits à des périmètres bien délimités. Hormis ces foyers industriels