Locke essai sur l'entendement humain
Avec Locke, nous voyons apparaître les éléments qui permettront de penser l’autonomie, l’autodétermination et le sujet, sans appui théologico-métaphysique. Toutefois, une lecture rétrospective nous pousse à remarquer d’abord l’absence de l’autre, dont ni la présence, ni la représentation ne joueraient sur la réalité de la personne.
Ensuite, Locke considère le passé des personnes comme existant objectivement et il suffirait de s’en ressaisir. Or, ce passé peut être la condition d’une possible crise d’identité, d’une distance trop grande entre la conscience de soi et le soi. Non pas un manque de mémoire mais un passé dont les aspects concrets entraînent la fragmentation de soi.
Ces considérations sur les fondations de notre identité invitent à penser deux excès possibles. Le premier, croire en une coïncidence parfaite entre la connaissance de soi et ce que nous sommes ; cela tuerait l’esprit et le rendrait aussi rigide que l’identité matérielle. Heureusement, nous ne pouvons pas être ce que nous pensons être car nous pensons et ce mouvement réflexif change celui que nous sommes.
Le second, un éloignement trop important entre ce que nous sommes et ce que nous pensons être. Cela serait aussi une mort de l’esprit, incapable de se penser ou de se situer dans une histoire réelle.
Ainsi, notre identité réside dans la faculté de penser, c’est-à-dire d’assembler des pensées pour former une unité souple et quelque peu labile ; nous aboutissons alors à une vision qui n’a que l’apparence paradoxale, être soi, pour une personne, c’est être capable de changer, en restant la même, c’est-à-dire sans se dissoudre.
§
Cette intervention fut suivie d’une discussion active dont le propos consista à illustrer la question de l’identité personnelle par la présentation de faits concrets exprimant les difficultés théoriques et pratiques de cette pseudo-évidence : nous sommes nous-mêmes. Je tiens à remercier l’association Hâ 32 grâce à laquelle