Lorenzaccio: Mise en scene
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Les premières mises en scène de Lorenzaccio ont toutes évacué non seulement la scène VI, mais aussi toute la partie centrale de l'acte V, sans parler de l'adaptation d'Armand d'Artois en 1896, qui s'est passée de celui-ci tout entier. L'épilogue annoncé sur l'affiche de Mucha n'a en fait été publié qu'en 1898, « pour donner satisfaction aux critiques - et peut-être aux spectateurs - qui ont regretté la suppression de l'acte V». Mais même ainsi récupéré, l'acte V se réduit à un collage des deux scènes de Venise : Lorenzo a beau regretter le massacre de quelques jeunes étudiants, faute de replacer clairement cette allusion dans le contexte de l'élection truquée de Côme, la charge politique de la phrase tombe à plat. Cet acte est considéré par beaucoup comme injouable, en raison de ses nombreux changements rapides de personnages et de décors (comme le signalent les didascalies « Une rue », « Une auberge », « À Venise », et « Florence, la grande place »). Du côté des éditeurs, seul Bertrand Marchal a jugé nécessaire de sauvegarder l’intégralité – et l’intégrité- du texte de l’acte V et de donner des précisions exhaustives en appendice.
Sarah Bernhardt, elle, n'a pas eu la moindre intention d'insister sur cet aspect de la pièce : c'est ainsi que toutes les scènes « dangereuses », et l'acte V en entier, subissent les coupes aléatoires d'Armand d'Artois. Dans la tournée effectuée par la troupe du Regain dans la France occupée de 1943, toutes les répliques sur l'occupation allemande et une éventuelle résistance de la population ont dû être prudemment retirées : il était donc inenvisageable de conserver l’acte V, si violent vis-à-vis de l’occupation allemande à Florence, et si corrosif face au système politique et judiciaire (rappelons que Lorenzo est condamné à mort sans autre forme de procès).
En 1945 au contraire, Gaston Baty prend le parti de refuser l'intégrité littéraire de l’acte V, qui est transformé et coupé au point que même la mort de Lorenzo se trouve